Khaoula Ben Mansour, doctorante du RITM, soutient sa thèse « Le management du whistleblowing. Etude de cas de la Banque Africaine de Développement » lundi 5 septembre à 10h en salle Gaudemet.
La thèse s’est déroulée dans le cadre d’une cotutelle entre les Université de Paris Sud-Saclay et l’Université de la Manouba au sein des laboratoires RITM Paris Sud et LIGUE ISCAE- ESCT. Elle a été conjointement dirigée par les Professeurs Sandra Charreire-Petit (Faculté Jean Monnet) et Karim Ben Kahla (ESC de Tunis).
Résumé:
Le whistleblowing ou l’alerte professionnelle éthique est désormais une technique managériale qui s’inscrit dans une politique stratégique de prévention des actes non légaux ou non éthiques menaçant la « survie » de l’organisation. Avec l’adoption de la loi Sarbanes-Oxley (2002) aux Etats Unis, (suites aux scandales Enron et World Com), une vague de normalisation des règlementations comptables et financières a touché l’ensemble des entreprises cotées à Wall Street (Burke et Cooper, 2013 ; Charreire-Petit, et Surply, 2008 ; Mauduit, 2008). En réponse à cela, nous retrouvons de nombreux textes juridiques intra-nationaux ou internationaux, sous différentes appellations « hard law » de droit dur (Code des sociétés et des marchés financiers nationaux ou normes comptables internationales IAS/IFRS) ou « soft law », consignés, à titre d’exemple, dans les normes ISO 26000, les accords de Bales I, II, III, les dix principes de Nations Unis ou encore les principes directeurs de l’OCDE (Deslandes, 2012 ; Etherington, et Lee, 2007). Ainsi, un certain nombre d’instances internationales ont émis des critères spécifiques en matière de gouvernance, notamment des standards économiques et financiers faisant désormais écho à des questions sociétales et morales (Vercher, et al., 2011). En effet, la primauté des intérêts des shareholders, invite les organisations économiques et financières à revoir leurs mécanismes de contrôle dans le but de renforcer « la bonne » gouvernance de ces dernières (Tuteja, et Nagpal, 2013 ; Palpacuer, et Balas, 2009 ; Charreaux, 2002). L’ambition de notre recherche est double : tout d’abord appréhender l’alerte éthique en tant que nouvel outil de gouvernance, de détection des fraudes ou des actes de corruption, ensuite confronter cet outil à la cohérence des discours, des stratégies individuelles et organisationnelles en monopolisant le cadre théorique de la « théorie d’agence », « la théorie des parties prenantes » et le management de l’apprentissage organisationnel. A travers une étude de cas de la Banque Africaine de Développement, nous souhaitons connaitre la manière dont se déploie un système d’alerte professionnelle éthique et quels sont les mécanismes qui lui sont connexes contribuant ainsi à son échec ou à son succès. Notre recherche vise donc à réaliser trois objectifs :
– Démontrer les différents rôles joués par les parties prenantes à différents moments du management de l’alerte professionnelle éthique.
– Expliquer la mise en place d’un dispositif d’alerte professionnelle, permettre la compréhension de l’impact de ce dernier sur les pratiques et les ressources humaines au sein de la BAD.
– Aider les dirigeants des institutions financières, telles que les banques, dans la compréhension du succès ou de l’échec de la pratique du whistleblowing dans les organisations multiculturelles.