Sabine Ferrand-Nagel a participé le 4 juin dernier à la journée de recherche organisée par Nicolas Praquin à l’IUT de Sceaux autour de la question des normes, proposant une intervention sur « les normes en médecine ». Deux thèmes principaux dans son intervention. D’abord, la difficile introduction de normes dans la pratique médicale, depuis la création des Références Médicales Opposables (RMO), synthèses réalisées lorsqu’il y a consensus scientifique sur un sujet donné. La norme scientifique est alors un outil d’aide à la décision et une rationalisation de la pratique médicale, opérant une rupture historique avec la conception d’une pratique vue comme un « art » individuel. Elle est également un outil dans les mains du financeur, et a donc une double finalité médicale (éviter les actes inutiles ou dangereux) et économique (économies grâce à la baisse des prescriptions inutiles). Cette normalisation de la pratique heurte un corps médical libéral attaché à la liberté de prescription, et entretenant des rapports compliqués avec la science (forte réticence vis-à-vis de la médecine des preuves par exemple).
Le second thème de la discussion portait sur la norme constituée par la pratique en cabinet libéral individuel, modèle quasi systématique de l’organisation de la médecine de ville au cours du XXème siècle, mais modèle aujourd’hui dépassé lorsque la coordination des soins et du médico-social s’impose, du fait de la prégnance des maladies chroniques et du vieillissement de la population. La norme organisationnelle du cabinet libéral individuel est percutée par les innovations locales d’une partie des professionnels qui proposent un nouveau modèle, les pratiques pluriprofessionnelles, de coopération entre acteurs dans une approche populationnelle où les interactions priment.