Ce trait d’esprit attribué à Alphonse Allais illustre le thème de l’article “The carbon footprint of suburbanization: Evidence from French household data”, co-écrit par Camille Blaudin de Thé et Miren Lafourcade.  Il sera présenté à l’IMMAQ Trade and Economic Geography seminar de l’Université catholique de Louvain (joint seminar CORE-IRES), le 7 noovembre 2013.
Dans ce travail Camille Blaudin de Thé et  Miren Lafourcade étudient les coûts environnementaux associés à la croissance des villes et son corollaire, l’étalement urbain engendré par la hausse des rentes foncières et la baisse des coûts de transport. Il existe en effet peu d’estimations des coûts liés à la périurbanisation en France, contrairement à d’autres pays. Pourtant, ce phénomène pose de nombreux problèmes : l’artificialisation des sols se fait au détriment des espaces naturels et des zones agricoles ; la hausse des déplacements pendulaires est source d’externalités négatives telles que la congestion, la baisse des interactions sociales et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Les auteurs utilisent l’Enquête “Budget des Familles” menée par l’INSEE en 2006 pour prédire les émissions de CO2 d’un ménage “représentatif” de cette enquête, selon sa ville de résidence. Elles estiment qu’un tel ménage économiserait 495 litres de carburant par an s’il décidait de résider à Paris intra-muros plutôt que dans le centre d’une ville de Province. D’une manière plus générale, les auteurs montrent que doubler la distance de la commune de résidence d’un ménage au centre-ville de l’aire urbaine dans laquelle il travaille accroît sa consommation annuelle de carburant d’environ 35 litres /an. Doubler la densité de population de sa commune de résidence réduit cette même consommation d’environ 70 litres. L’accessibilité de la commune de résidence au sein de l’aire urbaine compte aussi beaucoup : doubler le nombre de gares au sein d’une aire urbaine réduit de 110 litres la consommation annuelle de carburant des ménages qui y résident, tandis qu’un meilleur maillage routier l’accroît en revanche considérablement.
En dressant le “Hit-Parade” des villes françaises, selon les émissions de CO2 émanant des déplacements d’un ménage représentatif de l’enquête BdF, Paris arrive en tête des villes les plus « vertes ». Un ménage représentatif y émet environ 3100 livres de CO2/an, alors qu’il en émet environ le double à Chamonix, qui est à la fois moins dense et moins bien desservie par les transports en commun ! Outre Paris, parmi les agglomérations de plus de 360 000 habitants, seules Lille et Grenoble parviennent à se hisser en tête du Hit-Parade.