IREGE
Sandra Charreire-Petit a été invitée à une conférence à l’IREGE (Institut de Recherche en Gestion et en Economie) à l’Université de Savoie le 9 octobre dernier. Elle y a présenté un papier, écrit avec Julien Cusin (IAE de Bordeaux), qui s’intitule: Whistleblowing et résilience: Analyse d’une trajectoire individuelle.
Résumé:
Le Whistleblowing correspond à la révélation par un membre (actuel ou passé) d’une organisation de pratiques illégales, immorales ou illégitimes, qui sont sous la responsabilité de l’employeur, à des personnes ou à des organismes qui sont en mesure de remédier à une telle situation (Near et Miceli, 1985). En règle générale, le sort réservé aux whistleblowers est plutôt sombre, car ils sont souvent victimes de représailles peu de temps après avoir lancé l’alerte : mise à l’écart, rétrogradation, ostracisme, licenciement, etc. (Perry, 1998). Cependant, la littérature ne s’intéresse qu’assez peu à la trajectoire du whistleblower, notamment dans la durée. Elle n’offre en effet que peu de connaissances pour comprendre pourquoi et comment le whistleblower parvient, au fil du temps, à surmonter – ou non – les difficultés qu’il rencontre. Aussi, dans cette recherche qualitative exploratoire, nous nous donnons pour objectif d’étudier la trajectoire post-dénonciation d’un whistleblower, Jacques Glassmann, en nous interrogeant sur le rôle du système social dans son processus de résilience. Ce joueur de football est à l’origine de la célèbre affaire VA-OM en France. Il a longtemps été considéré comme un délateur dans le monde du football français, mais est finalement parvenu à «rebondir» au sein de ce milieu professionnel. Nous analysons son histoire sur une longue période (de 1993 à 2011) et nous étudions le rôle joué, dans son processus de résilience (Cyrulnik, 1999 ; Bonanno, 2012), par les instances dirigeantes du football et par d’autres parties prenantes. Sur le plan théorique, cet article articule deux ensembles de travaux étudiés traditionnellement de façon séparée, à savoir le Whistleblowing et la résilience individuelle. Nous proposons une modélisation dynamique du processus de résilience, comme le fruit des interactions entre le whistleblower et son système social. Nos résultats identifient une partie prenante particulière (les fans) comme agent de représailles mais, aussi comme agents de réhabilitation. Par ailleurs, nos résultats mettent également en évidence le rôle et les conditions d’intervention des tuteurs dans le processus de résilience..