A l’occasion de la 31ème conférence de l’AIMS organisée à Annecy, à l’Université de Savoie Mont Blanc, Frédérique Blondel et Elodie Loubaresse ont animé une table ronde dédiée à « la fabrique de l’intrapreneuriat ».

L’intrapreneuriat recouvre un ensemble de comportements, de pratiques et de dispositifs (Bouchard et Fayolle, 2017) qui se développent depuis plusieurs décennies et rencontrent un écho certain dans le monde professionnel et académique (Georget, 2020 ; Bouchard &Virolle, 2020).

L’objectif ce cette table ronde était de de discuter de ces pratiques intrapreneuriales, qui se développent depuis plusieurs décennies dans les grandes entreprises et organisations françaises notamment. Si pour Véronique Bouchard (2020) l’intrapreneuriat « n’est pas une mode », on peut s’interroger toutefois sur le cycle de vie de ces pratiques et de leur diffusion, ainsi que sur le rôle des chercheurs et consultants en la matière.

L’intervention de Valentine Georget, auteure d’une thèse soutenue en 2020 sur l’intrapreneurait et la santé au travail, a posé le cadre du sujet, en rappelant notamment la diversité de dispositifs de corporate entrepreneurship et les impacts au niveau individuel d’une expérience intrapreneuriale. Elle est également co-auteur du livre blanc « Intrapreneuriat : Dépasser la mythologie du super-héros » (Maniak et al., 2019) qui pose la question du management et de la pluralité de la forme des dispositifs intrapreneuriaux. Elle a ainsi « flouté » le lien entre entrepreneuriat et intrapreneuriat, celui-ci devenant peu à peu un « entrepreneuriat collaboratif » qui s’inscrirait dans un cadre plus large d’open-innovation.

Lors de son intervention, Lola Virolle, directrice open innovation et intrapreneuriat au sein de l’association makesense qui accompagne différents programmes intrapreneuriaux, a présenté les principaux enseignements des 2 livres blancs co-écrits avec Véronique Bouchard en insistant notamment sur l’importance de l’adéquation du dispositif choisi avec le degré de maturité intrapreneuriale. Elle a rappelé le champ varié d’expériences intrapreneuriales dont les conditions d’intégration dans l’organisation conditionnent pour beaucoup la réussite.

Enfin, l’intervention de Pascal Corbel, professeur des universités en sciences de gestion à l’Université Paris-Saclay, a permis de mettre en perspective le phénomène de l’intrapreneuriat en rappelant le côté relatif de « l’échec » ou de « la réussite » de tels dispositifs. Sa présentation a notamment contribué à approfondir les tensions entre liberté et contrôle en matière d’intrapreneuriat (Corbel, 2021).

Les échanges ont permis de soulever différentes questions, notamment en termes de : modèles de management, indicateurs de succès et retour sur investissement (ROI), culture intrapreneuriale et culture de l’échec, rôle des managers et des dirigeants, liens avec les recherches consacrées aux accélérateurs ou aux labs internes.

 

Références

Bouchard, V. (2020). “L’intrapreneuriat n’est pas une mode”. Le libellio d’AEGIS, 25-28.

Bouchard V. et Fayolle A. (2017). Corporate Entrepreurship, Routledge.

Bouchard, V. & Virolle L. (2020), Comment choisir le bon dispositif pour mon programme d’intrapreneuriat, 1er livre blanc Makesense.

Bouchard, V., Virolle L. & Gomes (2022), Les différentes formes de réussite de l’intrapreneuriat et ses rôle modèles français, 2nd livre blanc Makesense.

Corbel, P. (2021). “Intrapreneuriat, contrôle et liberté”. Séminaire du MetaRIST Lab, en ligne, janvier 2021.

Fayolle, A. (2017). Entrepreneuriat : Théories et pratiques, Applications pour apprendre à entreprendre, Dunod.

Georget, V. (2020). “Approche salutogénique du corporate entrepreneurship : Quels apprentissages organisationnels ?” Thèse de doctorat en sciences de gestion, Institut polytechnique de Paris.

Maniak, R., Georget, V., & Rayna, T. (2019). Intrapreneuriat : dépasser la mythologie des super-héros, Rapport de l’Institut de l’entreprise.